vendredi, juin 16, 2006

Chronique du hammam

Malgré la tradition du hammam hebdomadaire qui sévit encore dans toutes les classes du Maroc urbain (je n'ai que très peu de données sur le Maroc rural), je n'y suis allée pour ma part(au hammam) que trois ou quatre fois, dont la dernière doit remonter à cinq ou six ans : je ne compte pas le hammam de rue Montorgueil, tu comprendras pourquoi.
En entrant dans ce temple de la féminité qui fait fantasmer tout l’Occident, je me suis souvenue des raisons de cette si longue abstention. Cette profusion mammaire, cette débauche de chair, ce débordement de bourrelets, cette exhibition de cellulites de tout âge, cette agression de nudité dans toutes les postures : affalée, écartée, recroquevillée, penchée, nonchalante ou gesticulante.
Les plus puritaines arborant des culotte usées, qui ont renoncé depuis longtemps à contenir les protubérances qui leur servent de cul et qui s’arrêtent (les culottes), pantelantes, à mi-fesses, partageant la poire en deux, sourire obscène. Les autres (les femmes cette fois) se promenant cul à l‘air, naturellement, sans perdre contenance, et l’air digne des honnêtes ménagères qu’elles sont.
Et vas-y que je te frotte et vas-y que je te récure et que je t’asperge, chair contre chair, dans une intimité faite de vapeur, de savon noir, de sueur partagée et de gommage collectif.
Oui là je me suis souvenue du malaise que j’ai ressenti à chaque fois que j’ai dû me mêler à ces corps dépouillés, à ces corps malpropres qui se décrassent en public, qui étalent leurs disgrâces sans complexes, à ces corps si peu soucieux de séduire, à ces corps réduits à leur état de corps.
Enfin, tout ça pour te dire qu’un hammam à 1 euro est beaucoup moins glamour qu’un hammam à 60 euros, et que, quitte à y aller une fois tous les 10 ans, autant payer le prix du rêve et se prendre pour la Sheherazade des mille et une nuits plutôt que la ménagère décatie d’un quartier poupilaire.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

coucou,

je suis sorti avec méfiance de ma tanière pour voir ton blog, en me demandant si j'allais être obligé d'être gentil par politesse...

et voilà que je me creuse vraiment la tête pour dire quelque chose de gentil et/ou d'intelligent, parce qu'en fait tes "lettres" le valent bien ! bon j'ai plus trop ça en stock ce soir, mais l'intention y est.

en tout cas visiblement ton idiot ne connaissait pas sa chance...

12:03 AM  

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