mercredi, juin 28, 2006

Chronique spéciale K

Ce matin je déboule - bien sûr avec le quart d’heure de retard réglementaire- au Hyatt et je m’engouffre dans un salon, après les salamalecs d’usage : " bienvenue, bienvenue, la conf vient tout juste de commencer, café ? jus de fruits ?). Je m’installe, confuse de déranger, et je m’aperçois avec effroi que ce n’est point la bonne salle, ni la bonne entreprise à moins que mon cabinet de réduction de coûts n’ait mué en éditeur de logiciels, on ne sait jamais.
Après quelques secondes de consternation et le déchiffrage du logo en gros et en gras sur les affiches, sur le dossier de presse, sur l’écran Power Point, je me rends à l’évidence : ce n’est définitivement pas la bonne salle. J’ai failli m’y résigner et rester quand même. Après tout, j’ai été bien reçue, le jus n’est pas mauvais et ça ne se fait pas de sortir en plein milieu de l’exposé du monsieur, c’est même Hechouma wili wili. Si le sujet avait été plus bandant (l’impact de la libido sur la productivité ou comment créer une émulation dans les équipes en introduisant le concept de Fucking-colleagues), je serais certainement restée. Mais ces tristes sires ne semblaient enthousiasmés que par les performances de leur logiciel à la con, je m’éclipsai donc discrètement (enfin mimant la discrétion) et m’en fus chez les voisins. J’y trouvai un snoopy monologuant d’une voix éteinte et monotone devant un parterre de journalistes très intéressés…par les viennoiseries. Je me resservis, me désennuyai en fixant les boutons de manchette clinquantes et de mauvais goût du PDG, sentant désagréablement le regard déshabillant de mon vis-à-vis qui lui, se désennuyait sur mon décolleté. Le monologue était interminable, à peine ponctué par quelques lampées de miel à même le pot.


Deuxième conférence : changement d’ambiance.
Là, je suis à l’heure, c’est à dire en avance. Je me retrouve alors dans une sorte de verrière au dernier étage d’un immeuble quai Grenelle, vue sur Tour Eiffel, avec une vingtaine de quadra-blancs-costume-cravatés. Evidemment, je ne connaissais personne. Evidemment, personne ne m’a reconnue. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Dans ce genre de situation, je m’applique très fort à feindre une attitude décontractée, afficher un sourire narquois, trouver des répliques ironiques pour les malheureux qui osent m’aborder. Je dois dire que ma technique est bien au point maintenant, loin des malaises du début. En même temps, ça ne me déplaît pas d’être regardée, à la dérobée, avec la retenue qui sied aux costumes-cravatés. J’aime bien jouer aux minorités triplement visibles : femme, jeune et colorée (si je rajoute mignonne, ça fait un peu too much non ?). Et cette façon de glisser dès la deuxième ou troisième banalité que je suis Marocaine, non pas d’origine lointaine, mais de là-bas, je viens juste d’arriver, direct de Roissy. Pour entendre l’inévitable : " C’est impressionnant que vous parliez aussi bien français " et ressortir ma blague éculée : " j’ai pris des cours du soir accélérés ". Vous voyez, en plus, j’ai de l’humour. T’es ridicule ma pauvre fille.

10 Comments:

Anonymous Anonyme said...

"K" comme kémite ?
En tous cas, tu as possèdes une orthographe assez rigoureuse et une narration plutôt fluide et agréable.
Comme quoi, ces stages accélérés sont pas si mal.

4:37 PM  
Anonymous Anonyme said...

En plus, il paraît que je suce bien.
Non, K c’est juste pour un de mes lecteurs anonymes qui en a marre de mes histoires de cul, c’est aussi ma marque de corn flakes, mais ça n’a pas vraiment de rapport. J’ai peut-être des problèmes identitaires mais pas à ce point là…Est-ce que je te prends pour un skin head parce que t’as le crâne rasé ?

5:14 PM  
Anonymous Anonyme said...

Je suis à fleur de peau mais pas tout-à-fait skinhead.

Sinon, question purement pratique, tu devrais mettre une colonne sur ta page d'accueil avec les dernières contributions de tes lecteurs : c'est plus agréable que de faire tourner la molette de la souris.

Pour finir, ne te gêne pas pour raconter tes histoires de cul : l'épaisseur existentielle est plutôt assez rare sur les blogs, et tu parais en avoir un peu (malgré quelques lieux communs, mais ça, nul n'y échappe au début).

J'examinerai la possibilité de te mettre en lien – ce n'est pas une faveur, mais il faudra faire tes preuves.

5:30 PM  
Blogger Douda said...

Je sais, c'est nul, je n'arrive pas encore à me pencher sur ces espèces de balises barbares pour dompter mon blog. Je ne sais même pas si c'est possible d'afficher les derniers commentaires comme sur le tien. Bon, je suis encore une hamara du net comme tu l'as remarqué.
Quant à m'offrir un lien, c'est en effet très prématuré. Cette seule idée me fait vibrer de décharges orgastiques et me motive à travailler profond mon épaisseur existentielle et à bannir les lieux communs. Inchallah je vais y arriver.

6:18 PM  
Anonymous Anonyme said...

@douda : ben ça me touche toujours beaucoup de lire tes notes. J'apprécie ton regard sur l'existence. :-)

10:24 PM  
Anonymous Anonyme said...

@mon vrai faux roumi: ça me fait plaisir que tu reviennes, tu commençais à me manquer.

10:49 PM  
Anonymous Anonyme said...

Et ca marche !! Je n'y crois pas...
(ca y est il va falloir qu'il se vante, tu as cree un monstre, tu sais...je prends ma respiration...). Je n'avais rien contre les pates a l'eau salee servies pour un autre (j'ai un peu melange la, non ?) mais c'est vachement plus mieux (que meme si j'avais un blog a moi tout seul, je te linkerais... et paf !). Si.
Sinon, on le savait que tu passais tes journees a glander de seminaire en seminaire, une honte ! (hechouma, hachouma ?). C'est un metier, ca ??! testeuse de cafe de seminaire ? ou montreuse de decollete a faire douter l'orateur ?

C'est une chronique speciale pour moi... (soupir).

7:27 AM  
Blogger Douda said...

@ Accent Grave : non je ne parle pas comme ça. Pas le temps de faire des brouillons à l’oral, de trouver le mot juste. En plus, ce n’est pas ma langue maternelle alors parfois elle bute, fourche et s’étale : escamoter au lieu d’esquinter, un u qui refuse de sortir ou un sens qui m’échappe.
@K : c’était pour me faire pardonner les prochains billets. Testeuse de café de séminaire, j’aime bien. C’est le côté le plus glamour de mon boulot à la con.

4:03 PM  
Anonymous Anonyme said...

J'ai fais un petit tour sur ton blog je ne suis pas toujours daccord avec ce que tu peux dire mais je t'avoue que tu ecris super bien (moi qui suis super nulle en ortho) mais le com qui m'a fait sourire c'est celui la.
Imagine toi que j'ai ressenti la même gene et posé la même question fatidique "puré qu'est ce que je fiche ici?" lors de ma premiere conf.
Ce qui est marrant c'est que tu a été géné parce que tu étais un peu bronzé alor imagine toi mon cas jeune trés jeune bronzé et religieuse pratiquante si tu vois cke ca veux dire et tout ceci dans une conf technique de recherche en info donc population feminine 0.111%.
Jpense qu'on dois tous se prendre la tête quand on rentre dans le monde du travail.
Bon je previens je laisserais des com de temps en temps enfin j'attendrais que tu me donne la permission avant de commencer biz biz

9:59 AM  
Anonymous Anonyme said...

Faut pas se laisser impressionner par skot: le fil rss de son blog ne fonctionne pas, le tien, si (et en plus il a viré le système d'archives, ce qui fait qu'il faut bidouiller la barre d'adresse pour remonter l'historique).

6:15 PM  

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