Ma mine à charbon
Ma boîte a été reprise, allégée de la moitié de ses salariés (quatre), mais pas de mon p’tit chef qui m’inflige toujours la vue de son profil incompétent et de sa face de faux-cul. Au-dessus de mon p’tit chef, y a une nouvelle chef-teigne : gloussement de poule et look catho du seizième modernisé chez Zadig & Voltaire. Etrange mélange de candeur niaise et de maternelle condescendance. Mais si touchante. A déjeuner, elle nous annonce qu’elle va adopter un bébé métisse, sur le ton badin des réunions Tupperware. Ça nous a tout de suite mis à l’aise. Pas une phrase sans caser son mari, sa belle-mère, ses neveux, ses filleuls, encore son mari, ses bons sentiments, son humanisme bien-pensant, ses mièvreries de midinette réac. Ça suinte de partout, ça dégouline, ça fond sur les pâtes, coulis de tomate et d’empathie, arrière-goût rance de confidences au parmesan. Ça écœure. Surtout mon autre collègue rescapé-celui que j’aime bien-, qui s’étrangle dans sa barbe, se noie dans ses cheveux, étouffe sa pizza, décide d’avaler sa langue. Le p’tit chef, lui, se croit obligé de surenchérir. Etalage de drames familiaux pour attendrir la patronne, quêter des points de sympathie, brader son cul pour garder son fauteuil de p’tit chef. On se croirait dans un mauvais vaudeville. Dans ma nouvelle boîte, y a aussi une vraie syndicaliste CGT( si si, avec des « camarades », des tracts et des antidépresseurs). Elle vient nous prévenir qu’on a atterri dans le fief des méchants capitalistes qui exploitent leurs salariés avec des RTT imposées. « On est presque revenus au temps des mines à charbon », que je m’insurge. Mais je ne devais pas paraître crédible. Elle, c’est une vraie révoltée. L’indignation dans le décolleté et les formules du parfait syndiqué : « Y a de petites entreprises, mais y a aussi des entreprises petites ». C’est beau des seins en furie. Et puis ses mines de bête traquée, ses délires de persécution : le patron qui trafique les chiffres avec la complicité des commissaires aux comptes à la Enron, le DAF qui l’agresse en plein couloir devant les salariés réduits au silence, les faux syndiqués à la botte du PDG, les infiltrés qui la coursent... Une sorte d’Erin Brokovitch qu’on tenterait d’empoisonner en ionisant la machine à café. Qu’est-ce que je m’amuse. Bon, y a aussi le représentant de la minorité visible qui s’appelle Samir mais qu’on peut appeler « Sam », la secrétaire de direction qui s’habille chez Pouf-boutique, le couple qui fricote dans l’îlot d’à côté, le commercial postillonnant, la secrétaire qui fait de l’humour de fournitures de bureau, l’informaticien qui parle au disque dur ….Une centaine de prénoms à retenir, on s’tutoie, on vous voit plus, ça s conjugue en sourires complices, ça s’invite à la machine à café, ça fait des soirées raclette, ça parle contraception à table…Et moi, championne de l’intégration cocotte-minute, je me pâme d’admiration devant la cheffe, distribue les clins d’œil entendus aux syndicalistes et pouffe aux blagues de la secrétaire. Eh oui, comme on dit au Maroc, il faut bien « photographier son bout de pain ».
35 Comments:
Eh ben on n'aura pas attendu pour rien ;-)))
J'ai perdu pendant mon déménagement (véridique) le petit mot accroché au frigo qui indiquait pour les légumes les durées de cuisson à la cocotte-minute. C'est combien, pour l'intégration ?
contente de te lire à nouveau !
il y a des perles partout dans ce texte, je vais le re-parcourir, je suis sûre que j'en ai raté...
Comme une image l'a écrit bien lisiblement.
MAIS je voulais constater de mon oeil (photographier) et hurler pleinement ma joie de te revoir enfin ici.
bises brunes
'tain, content que tu sois de retour, et toujours aussi bonne!Au fait n'oublie pas les cloisons, surtout rapport au post précédent, ... sinon j'te sers une coupette au Balto pour fêter ta revoyure?...
Comme un cuistot, je ne suis pas un légume malgré ma longue période de végétation, mais je rissole très vite.
Camille, certainement aussi des coquilles, merci de ton indulgence.
Ma petite brune, j'ai hâte de faire un tour du côté de chez toi, tu m'as manqué aussi.
Patch, je vais transmettre à ma syndicaliste, je pense qu'elle pourra décrypter.
Briscard, tu dvais pas m'aider à les poser, ces putains d'cloisons? J'en ai mis des provisoires en carton en attendant.
"Une sorte d’Erin Brokovitch qu’on tenterait d’empoisonner en ionisant la machine à café."
Si elle est aussi jolie que Julia Roberts, fo pas.
Tlön, elle a cette beauté anorexique des pasionaria consumées par la Cause, rien à voir avec le sex-appeal de Julia Roberts.
ravie de te lire à nouveau. j'aurai souhaité t'écrire directement sur ton mail, pour pouvoir partager plus que le pays d'origine. j'ai parcouru ton blog découvert fortuitement avec délice, je me suis retrouvée en toi, un peu dépareillée et double.
à bientot.
qu'as tu contre zadig et voltaire ?
Cellfish, y a mon mail sur le contact de mon profil, au cazou.
Cher candide anonyme, c'est juste de la rancoeur sociale.
Je crois que j'adore ta cheffe. Celle qui degouline. J'en prendrais des heures de condescendence a regarder dégouliner tout ça.
Et tu as bonne mine (à crayon) de t'etre remise à ecrire.
ça va Douda?...
AAaaaalellujah! elle est reviendue!
Et avec une histoire qu'elle est super. J'adore tes portraits de groupe:on s'y croirait. Y a pas à dire: une entreprise c'est un vrai microcsome!
Bises Douda, vraiment contente de te lire!
Doumu, mon cher, moi j’ai rien contre mais attention, elle est visqueuse et elle colle.
Briscard, ça va, chui passée au Balto mais t’étais pas là. J’ai laissé un post-it sur la porte mais on a dû l piquer. J passerai prendre une cuite à Noël, tu restes ouvert ?
Chris, c’est gentil d’être passée. J’espère avoir le temps d’écrire bientôt, du haut de mon observatoire stratégique, près d la machine à café. Pour le moment, je concentre toute mon énergie à m’introduire dans les petits papiers de madame la présidente. Je me range pour mériter d’être classée dans la catégorie « très motivée, dynamique et fiable, se dépense sans compter, pas de vie privée, ne risque pas de tomber enceinte dans les cinq prochaines années, faudra penser à l’augmenter en 2012, quand elle aura fait ses preuves ».
Douda, brune jolie, vous allez pas encore disparaître hein?
vous allez pas profiter du bordel ambiant de cette période de festivités pour filer?
...
mes baisers bruns
Pas d'blême: l'Balto reste ouvert pendant les fêtes... par contre j'garantis pas qu'il y aura pléthore d'histoires à Vébé: j'crois qu'il va s'faire skier dans l'Vercors...
J'serai ouvert en pointillé, rapport que j'vais passer les fêtes au pays, tu sais, la vallée de d'la Jordanne... Mais Josy m'a promis d'ouvrir tous les jours... au cas où tu passerais, tu pourras toujours laisser un mot, ça fait toujours plaisir! Sinon pour la pose de tes cloisons faudra qu'on en recause et que je te fasse un devis... mais j'ai l'impression que t'as commencé toute seule... c'est bien (sinon y en a un qui carrément monté un mur en béton, genre Berlin, c'est l'bon docteur dont on a plus aucune nouvelle...)
Il vous en prie, il vous en prie.
N'empêche qu'à son retour, le docteur, il espérait trouver un peu d'animation... Peut-être pas non plus un comité d'accueil en grandes pompes, mais au moins quelques bouteilles de Dom Pérignon éventé, courtoisie du patron du Balto, ou bien une petite bûche de noël servie par Douda, habillée chapeau rouge et string à fourrure assorti... Au lieu de ça, on dirait bien que vous êtes tous allé trainer dans vos bleds respectifs, ou trop occupés à faire de la pose de cloison pour vous adonner à la saine pratique de l'alcoolisme assisté par ordinateur en milieu familial et en rase-campagne...
Du coup, je crois qu'il est temps de rentrer à la maison et, incidemment, à une distance plus raisonnable de mon plus proche fournisseur de Bombay Sapphire...
Si on me cherche, à partir de demain matin, je traîne aux environs du Canal St. Martin, histoire de voir s'il y a pas moyen de gratter un cubi ou deux... à défaut : discrètement noyer Arno Klarsfeld (y'a pas de petites joies, c'est Noël pour tout le monde)...
Je suis passé par hasard, je suis tombé sur ces mots, ces déchirures, ces éclats d'authenticité.
Merci Douda. Ca fait du bien.
Salut Douda,
Meilleurs voeux! Si bon de te relire et de te savoir de retour.
Mwah
Bon... c'est plus drôle, maintenant...
Revieeeeens...
Please... pretty please with cherry on top...
Je boucle, je boucle et puis j reviens...promis. Là c'est pas l'envie qui manque!
Douda, c'est con, mais tu m'manques... du coup j'raconte que des conneries... 'tain, c'est l'syndrome de Dave ...
'tain, là, franchement tu mérites pas. gitane, va! Merde, c'est vrai quoi à la fin...
Ben Madame Douda au lieu d'écrire sur son blog, où il commence a y avoir la queue, faut arrêter d'aller reluquer les trucs cochons de CUI.
Tu deviens quoi?... Tu manques.
Mon Briscard, je n'ai pas d'excuse, je m'englue juste dans un quotidien marécageux. J'espère m'en extirper bientôt. Et toi aussi tu me manques. Chaudes bises à Vébé.
Douda, j'espère que tout va pour le mieux.
Mwah
Je sais qu'à ce niveau, c'est un peu de l'acharnement thérapeutique... mais le règlement impose une dernière vérification avant autopsie:
Douda, t'es où? Tu manques...
Veux pas faire de teasing, mais ça me démange de revenir. Ma vie bloguesque était autrement plus intéressante. Encore un ou deux petits coups de balai et ce sera bon.
Inch'Allah !
Bon, ca y est ! Douda est de retour !!
J'ai choisi la date: le 1er juin, en rouge
sur votre agenda (comment ca de quoi je
me mele ? ben, si on ne fait rien, tu vas
nous faire languir jusqu'a l'annee prochaine...).
Bientot sur vos ecrans, le premier billet
de Douda pour l'annee 2007...
Allez, balaye, balaye et reviens... J'crois qu't'es bien attendue!
et voila, c'est demain le grand jour !!
Je sais pas vous mais moi, je l'ai attendu
ce jour... j'ose meme pas imaginer le
sujet de la rubrique, ca va nous
surprendre j'en suis sur et certain....
bon je compte les heures...
je compte les minutes....
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