lundi, juillet 31, 2006

Brunchons brunchons


Dimanche, rendez-vous à 13h30 place du marché Saint-Honoré. Une table de trentenaires célibataires, amis d’amis à peine croisés. Paris vide crée des liens et je soupçonne E. de me draguer. Un vague soupçon qu’autorise l’incontournable prélude au jeu de séduction, le SMS : " ça te dit brunch demain ? Bises, E ". D’accord, c’est plutôt lapidaire mais c’est peut-être la faute à SFR .Peut-être un torrent de sensualité derrière cette face constipée. Aussi terne qu’un fonctionnaire à Bercy. C’est un fonctionnaire à Bercy.
Mais Paris vide, le désert de ma vie sans toi et un bronzage à exhiber. Même s’il faut faire la queue une demi-heure pour un brunch à trente euros dans un décor rutilant de Buddha Bar. Je dois faire des efforts, marquer la fin de l’autarcie où tu suffisais à me déborder. Faut créer des liens, un network, se fréquenter, se forwarder, se recommander, s’approuver, se renvoyer en miroir sa médiocrité. Je vais bien trouver des banalités à glousser. Les avantages comparés du club Med de Kemer et de Corfou ? Aucun avis sur le sujet. Le bronzage en cabine versus le bronzage nature. Là, je sèche encore. Vraiment asséchée. Sinon, il y a aussi les histoires de couple forcément ratées. La juriste qui a tout prévu dans son contrat de concubinage, parce qu’il faut se protéger. Elle a eu bien raison avec les prix de l’immobilier. La divorcée qui n’en finit pas de chanter sa liberté retrouvée, qui n’a de crédible que le décolleté. Platitudes rachetées par des rondeurs bien placées. Le romantique, tempes argentées, corps sculpté, qui rêve encore mariage, parce que le symbole et la vierge immaculée…
J’étouffe mes bâillements avec des viennoiseries. Et puis les phrases packagées, parce que c’est fatigant à inventer des phrases qui n’ont jamais servi, parce que nous on est épuisés, on fait du sport, la rando, le jet ski, le ski tout court, le VTT, le kayak et même escaladé le Kilimandjaro, et puis on a les moyens de s’offrir du prêt-à-penser. Et moi je pense à mes " Mémoires d’outre-tombe " traîtreusement abandonné. Eternel drame d’inadaptée. Aucune conversation. Pas de hobbies partagés, même pas d’histoire croustillante à raconter, j’allais quand même pas te donner en pâture à ces charognes d’amours décomposées. Bon OK, je vais louer le DVD de Desperate Housewives, 24h Chrono et Lost, ça fera toujours des références " culturelles " en commun. Est-ce que je suis absolument obligée de voir Camping et de trouver Bigard " très drôle quoiqu’un peu vulgaire " ? Non, décidément, je suis beaucoup mieux derrière mon écran, tant pis pour mon bronzage et mes jolies fringues d’été.

jeudi, juillet 27, 2006

Mon premier roumi


Revu Guillaume, mon premier roumi. Un Français en mal d’appartenance, séduit par la promesse d’un Maroc hospitalier. Il vivait dans la vieille medina, voulait se fondre dans la plèbe, quitte à louer deux fois trop cher une baraque insalubre qu’il prenait pour un ryad. Nabab tout de même, fier de s’offrir une cuisinière et une femme de ménage. Mais lui ne voulait pas les exploiter. Il emmenait sa femme de ménage en pique-nique et se faisait consciencieusement arnaquer. Mon Guillaume croyait se faire aimer avec des dirhams et son cœur sur la main. Son cœur, personne n’en voulait.
Et moi séduite par sa pétulance, son humour de dépressif, sa fragilité. Si peu son corps d’empoté. Mais ses mains gracieuses de pianiste, ses mains habiles savaient me faire vibrer. Ma première queue non circoncise, que j’ai appris à découvrir, à faire émerger. Et puis queue farouche, si longtemps solitaire, qu’il m’a fallu rassurer, doucement introduire au plaisir partagé. Sa timide maladresse me débridait. Avec lui, je pouvais oser. L’envoûter en danseuse de cabaret. L’enfourcher dans un parking, même pas bien garés. Lui s’enhardissait et me surprenait. Pas encore sensuel, mais déjà érotique. Nouvelle saveur du sexe sur les passions de Bach. Presque-état de transe et des caresses pour lui inventées. Moi qui ai si peu d’oreille, j’ai appris avec lui à écouter. Appris à planer. Mes sens enivrés par la volupté noyée dans les volutes de cannabis. Nos sens affamés, à l’affût de la moindre ardeur préservée, avides à peine rassasiés, insatiables comme quand le temps est compté. Le nôtre l’était en semaines. Quelques semaines avant que je ne me lasse de son inépuisable propension à s’extasier, sa niaise naïveté, son incomplétude d’enfant de suicidée. Je lui ai laissé le Maroc et me suis envolée, vers d’autres bras, d’autres queues, d’autres chevauchées.
Maintenant embourgeoisé, mon Guillaume. Installé dans un quartier middle class, ascenseur et parking sécurisé. A fait du chemin mon Guillaume, créé sa propre boîte de com’, pris du bide et de la respectabilité. N’a pas perdu son enthousiasme écarquillé, son romantisme de mal-aimé. Il va épouser une Marocaine, une " princesse de pureté ", reste plus que des formalités de conversion à expédier. Pas osé lui demander s’il allait se faire zigouiller, serait capable d’écorcher mon souvenir calotté. Juste souri et félicité. Il cherche une famille mon Guillaume disloqué. Il n’a pas compris qu’ici, il ne sera toujours qu’un étranger.

dimanche, juillet 23, 2006

Mon amie prolo


Dans mon école de commerce, on n’aimait pas trop la désorganisation sociale. Chacun tenait son rang. C’était un école publique subventionnée, donc gratuitement élitiste. C’est à dire qu’il devait bien y avoir 20% de pauvres mention très bien, 5% de riches qui ne voulaient pas quitter le pays pour des raisons obscures, et le reste de cette nouvelle classe moyenne, enfants de cadres, de profs et assimilés. Ah, j’ai oublié les 10% d’étudiants noirs africains, nos intouchables à nous. J’étais jeune, encore mue par ce ridicule sentiment de révolte contre les injustices et indécrottablement idéaliste. J’ai donc pris un copain noir et une amie pauvre. Y a pire. Ma sœur s’est mis en tête de faire de l’humanitaire pour sauver les enfants des rues.
Mon amie pauvre était vraiment pauvre. Une vraie prolo, d’un patelin dont j’avais jamais entendu le nom, mère analphabète et divorcée, enfance passée à étudier à la lumière de la bougie (non là j’exagère). J’aimais bien son côté ingénu, je la trouvais " authentique ", ce qui recouvrait vaguement à l’époque l’antithèse de l’hypocrisie et de la superficialité petit-bourgeoise. En plus, elle n’avait pas cet esprit obtus de sa classe, pas d’ambition revancharde non plus, mais plutôt une curiosité naïve et un peu gauche, attendrissante. Même pas raciste, ce qui au Maroc est tout de même le trait le mieux partagé. J’étais pour cette seule raison prête à lui pardonner les heures passées à m’emmerder en son insipide compagnie. J’aimais bien cette idée d’ascenseur social, et je la voyais rapidement escalader les marches de la pyramide de Maslow. Je devais répondre un peu à son besoin d’estime.

Je retrouve mon amie. Expert-comptable maintenant qu’elle est. Au sommet de la hiérarchie des cons de table et des serviettes de cabinet. Entièrement relookée. Et puis, cette manière de ne parler que français, comme on affiche son standing, carte de visite sonore. Un français pensé en arabe, qu’on a la flemme de conjuguer, alors on colmate le brèches de terminaisons improvisées. Une langue tronquée qui me heurte et m’agresse. Pourquoi ne pas parler arabe ? que je lui demande, agacée. " Comme tout le monde ", cette langue bâtarde devient le signe d’appartenance à la CSP++ de Casa. Comme la Polo prune et les tailleurs BCBG. C’est pas grave si elle vit dans un taudis infesté par les cafards, ça ne se voit pas. La pyramide s’est inversée.
Ce n’est pas de sa faute, à mon amie, si elle s’est fondue dans le moule de la réussite sociale. C’était une pâte brute, à modeler, vierge et pleine de bonne volonté. Mais ce n’est pas de ma faute non plus si je ne la supporte plus. Sa manière de me demander une liste de bouquins à lire, comme une ordonnance de traitement contre l’acné. Elle prend des cours de salsa et de cuisine, elle n’aura qu’a caser la lecture entre les deux. Elle croit se souvenir d’un Kundera que je lui avais prêté, insoutenablement léger.
Son insistance à me présenter sa bande d’average frustrés, tiraillés entre la bise et la poignée de main, préoccupation existentielle de leur misérable vie de honteuses turgescences étouffées. Je ne peux pas lui en vouloir de s’être amouraché d’un minable qui se la joue islamo moderne, genre pas de sexe avant le mariage mais un bouquet de fleurs pour s’excuser, les fois où il la traite comme une merde, c’est à dire souvent. Mais je lui en veux de m’imposer un dîner avec cette caricature de cadre que je ne peux pas encadrer, avec la promesse confiante que je vais le trouver " intéressant ". Ses efforts ridicules pour m’en mettre plein la vue, m’emmener dans le pub branchouille de Casa, brillante idée. Son regard d’enfant pris en faute devant ma mine excédée et sa façon de s’en vouloir de m’avoir déplue, comme si elle avait envers moi une dette incommensurable. C’est encombrant, la reconnaissance, encore pire que l’amitié.

vendredi, juillet 21, 2006

Je suis l'abricot qui a manqué le train


Je m’ennuie tellement que j’ai fini par appeler mon amie d’enfance qui n’a pas quitté Agadir et qui, elle au moins, s’est mariée et a pondu un gosse d’environ trois ans (plus ou moins deux). Pas comme moi, toujours célibataire à bientôt trente. Cette fois, c’est la lanterne rouge, le seuil critique avant la perte de tout espoir de me caser décemment (en gros, si j’attends encore, il faudra me contenter d’un veuf ou d’un divorcé). Un devoir d’alerte pris très au sérieux par les bonnes âmes bien intentionnées, c’est-à-dire tout le monde. La famille, qui ne se risque pas à provoquer l’ire de la diva capricieuse et hautaine (rôle de composition que je maîtrise de mieux en mieux), s’y prend quand même avec moult précautions et formules suggestives, osant à peine des " j’espère qu’on pourra bientôt se réjouir pour toi ". Des connaissances lointaines, voire de parfaits inconnus, font beaucoup moins dans la dentelle. C’est fou comme les gens sont subtils ici.
Le bijoutier juif (le seul juif que j’ai jamais vu à Agadir, un bel homme de la soixantaine, très chic) qui me parle dans une langue imagée : " les filles, c’est comme les abricots, il faut les cueillir avant qu’ils ne soient mûrs, sinon ils pourrissent et personne n’en veut ". Il m’a d’ailleurs paternellement conseillé de trouver un gentil marocain de chez Renault " En France, c’est pas ça qui manque ". J’ai failli lui dire que non, les fils des ouvriers Renault sont maintenant dealers de shit, que je préfère les roumis merci, et les juifs pourquoi pas ? j’en ai d’ailleurs jamais essayé…et je crois savoir que son fils est divorcé….ça ne lui dirait pas qu’on essaye de mettre du foutre sur le brasier du Proche-Orient…non ? il est au Canada…dommage, vous êtes tout de même trop vieux pour moi.
Beaucoup plus prosaïque, on a rencontré hier une vieille connaissance de mon père : un juge, que j’aimais bien parce que j’avais passé des vacances, il y a une quinzaine d’années, dans sa maison de plage (la première fois que je voyais des spaghettis mangés à la main dans un seul plat commun. J’ai depuis pris mes distances avec les pâtes longues et je n’achète plus que des macaronis). Enfin bref, ce juge donc, que je n’avais pas vu depuis des années, me félicite d’abord pour le choix de ma carrière, m’encourage à rester en France (quelle ouverture d'esprit), mais (ç'aurait été trop beau) : " il faut te trouver un mari. La carrière c’est bien joli, mais il ne faut pas laisser le train passer. Et puis surtout il faut trouver un mari musulman : Tunisien, Marocain, Egyptien, peu importe. L’essentiel c’est qu’il soit musulman. Attention à ne pas t’enticher d‘un juif. Les juifs, cette sale engeance, ne seront jamais bons avec les musulmans ". CQFD.

mercredi, juillet 19, 2006

Ce qu'il y a de bien quand tu rentres au bled...


Presque une semaine au Maroc. Bientôt calcinée sur mes plages d’ennui, essayé toutes les crèmes anti-spleen, épuisé mes réserves de brumisateurs de nostalgie, me protège comme je peux derrière l’écran de mon ordi. Ma copine algérienne a bien résumé : " ce qui est bien quand tu rentres au bled, c’est que tu réalises ta chance de vivre ailleurs ". Oui mais 15 jours, c’est un peu beaucoup pour un constat dressé en 1 heure.
Dès les premiers jours, je ramais déjà pour trouver des sujets de conversation avec ma mère : les avantages comparés du Play et de la vaseline : terrain trop glissant, lui raconter tout simplement mon quotidien : trop de choses à censurer (les roumis, l’alcool, le cochon, le roumi cochon, le cochon roumi…)
Heureusement qu’il y a les marronniers : l’alcoolisme de mon père, la vie trépidante de mes tantes, oncles et cousins-cousines ( avec 16 frères et sœurs, il y a de la matière) : l’éducation stricte de ma tante K qui prive son gamin de 14 ans d’internet, celle beaucoup plus moderne et libérale de la cousine qui marie sa fille au même âge. Chaque jour de la semaine, il va falloir creuser encore et encore ces mêmes sujets, trouver de nouveaux angles : aborder le contexte psycho-sociologique qui a fait que mon oncle A (le père de la cousine qui marie sa fille, vous suivez ?) soit le seul à ne pas avoir fait d’études supérieures, ce qui charrie complexes et amertume chez sa progéniture, d’où un début d’explication au fanatisme de ses deux filles qui ont viré talibanes (avec la burka et tout, ici on les appelle les Ninjas, quel humour ces Marocains)
Avec mon père, c’est pire. Parce qu’en plus de n’avoir strictement rien à lui dire, je dois subir ses programmes télé : il faut imaginer la version arabe d’Arte ( Nile Culture !) avec les moyens techniques d’un studio afghan et le sex-appeal de l’ORTF. Et encore, je préfère rêvasser devant une speakerine fagotée à la mode cheap des années 80 plutôt que de l’entendre me raconter le meeting régional du PS marocain qui vient d’absorber un autre parti de gauche (le PSD) et qui a aussi revu dans la foulée sa segmentation territoriale, et mon père de se lancer dans un délire sur le découpage géographique, et pourquoi la région du Souss devrait intégrer telle ville et renoncer à telle autre. Allez, encore une couche de crème anti-spleen. EpaiSSe.

lundi, juillet 17, 2006

Haine cathodique


Les télés arabes qui crachent leur haine de l’ennemi juif. Al Manar, la chaîne du Hezbollah passe en boucle un clip morbide, ralenti sur les corps calcinés, lent mouvement de caméra sur les cadavres d’enfants, zooms sur les chairs en putréfaction ; et une voix d’outre-tombe qui tonne : tout cela est du fait d’Israël. Ça ressemble trop à un mauvais film d’horreur. Je m’attends presque à ce qu’ils sortent les boyaux des corps pour faire encore plus gore.
Al Jazira, à peine plus sobre, braille des airs de fin du monde. Saisissant contraste entre les speakerines peinturlurées, à la plastique de call-girls pour princes saoudiens, et les images d’apocalypse, en direct des quartiers dévastés. Etrange traitement journalistique qui pleure les martyres arabes et zappe les victimes israéliennes. Défilé de barbus qui hurlent leur vindicte et promettent mille vengeances pour les mille ans à venir. Dérisoire tentative de rééquilibrage des forces ? Ce qu’ils ne peuvent pas envoyer de bombes, ils l’éjectent en salves salivaires, l’éructent en invectives meurtrières.
Et cette haine qui traverse les écrans, qui trouve écho dans les prières des vieilles femmes " que Dieu fasse subir aux juifs les pires affres de la géhenne et bénisse mes petits-enfants", dans les réflexions éclairées des pères de famille irréprochables de vertu et de bien-pensance " que Dieu fasse subir aux juifs les pires affres de la géhenne et si possible aussi, mon voisin, il est pas juif mais il a rayé ma voiture ce salaud", dans les récriminations des oies voilées et embrumées " que Dieu fasse subir aux juifs les pires affres de la géhenne, sale engeance, merde, la série a sauté à cause du programme spécial bombardements ". Cette magnifique fusion des peuples arabes, qui fait sauter les barrières sociales et régionales, tous unis dans la même détestation, notre coupe du monde à nous, Nasrallah, notre Zizou à nous ?

lundi, juillet 10, 2006

L'amante religieuse


L’amante religieuse se recueille sur le corps de son amour dépouillé. Non, même pas rassasiée, même pas apaisée, déjà tourmentée. La dépouille ronfle son indifférence. Imperturbable sommeil sonore. L’amante envie la mante, elle l’aurait déjà bouffé pour l’empêcher de ronfler. Ne l’aurait pas laissé la grignoter à petit feu, la siroter comme par défaut, la broyer sans le faire exprès. La mante rit sous cape. Qui n’aurait fait qu’une bouchée de son tourment, si vulnérable dans son sommeil insolent. Elle l’aurait croqué là ou ça fait mâle, lui aurait coupé le son. Réduit en miettes ses prétentions, dépecé ses certitudes, haché ses souvenirs, sa vie d’antan, démembré le reste.
La mante religieuse ne s’attendrit pas devant le crâne dégarni de son amant, ou si peu, ne s’émeut pas de son souffle fétide, ne se contente pas de le dévorer des yeux...

dimanche, juillet 09, 2006

Décalage


Tu es un jouisseur, si peu un voluptueux : tu baises beaucoup, tu lis beaucoup…mais si vite. Je suis tout le contraire, si lente à lire, si lente à venir..
Ta spécialité à toi est de bâcler, de passer à côté de tellement de choses dans ta frénésie de passer à autre chose. Oui, mais c’est tellement plus efficace. Je t’envie.
Moi j’excelle à rater les débuts en ne pensant qu’à la fin, massacrer la fin en regrettant les débuts, aller d’inachevé en décommencé, vivre en suspens, toujours dans l’attente, n’oser précipiter l’amorce, laisser mûrir, laisser pourrir, ne pas me brusquer, somnoler, végéter, contempler, me contempler jusqu’à la dernière minute, toujours trop tard.
Ma volupté est creuse puisque je ne prends le temps de rien construire, elle se greffe sur la matière des autres et la suce...La tienne m'a résisté.
J’avais le rêve un peu fou de te voler un peu de consistance et te léguer une once de sensualité. Je voulais qu’on prenne le temps (sans avoir l’impression de le perdre) de se savourer, de se contempler, de se jouir.

jeudi, juillet 06, 2006

Note à mes lecteurs

En raison d’un déferlement de commentaires anonymes de frustrés et de mal-baisées de toutes sortes, mais surtout de celles qui bavent et éructent leur rage pathétique, je suis dans le regret de vous annoncer la modération des commentaires, en attendant que ces hyènes édentées aillent vomir leurs vaines insultes ailleurs.

mercredi, juillet 05, 2006

Fioritures


Ce matin au terminus du 115. Un beau noir, chauffeur RATP de son état, me nargue avec son déhanchement de danseur de zouk et ses fesses saillantes. Il dandine du cul en parlant dans son oreillette ridicule avec sa pouffe, certainement une "blonde qui aime les Blacks". Lui susurre ces horribles insipidités qui prolongent une nuit de sexe, alors qu’on s’est déjà tout dit. Mais c’est moi qu’il regarde le mater. Ses poses dérisoires de mâle dérisoire me font sourire. J’ai toujours trouvé les hommes trop virils un rien efféminés. Pour un peu il va soulever le bus pour m’épater (m’appâter ? ).
Pourquoi pas me le faire ? Après tout, on n’est pas obligés de parler. Pourquoi toujours ce besoin de con-verser, d’emballer de mots une histoire de cul, d’enguirlander un corps à corps ? Pourquoi tant de fioritures ? Prête à pardonner des fesses plates, des bourrelets (pas trop quand même), une sensualité de guichetier pour des mots bien léchés. Mon con, c’est pas les mots qu’il faut lécher.

mardi, juillet 04, 2006

Les fils de mon pays


Ces derniers jours, je reçois des commentaires anonymes d’insultes tournant invariablement sur le même thème, très original il est vrai : sale pute. Simple coïncidence ? le début des hostilités a commencé avec ma mise en lien sur un blog marocain, ou plus précisément fréquenté par la diaspora bobo marocaine.
Raccourci trop facile ? j’en ai déduit que ces charmantes attentions venaient de mes chers compatriotes, frustrés du gland, outrés par la mise en ligne de mes élucubrations culbriques. Comme si j’avais déshonoré la race. Evidemment je n’ai pas d’indice réellement déterminant sur l’origine de ces immondices quoiqu’un commentaire (comment-taire ?) était signé par un certain Boubker (avec un nom pareil, pas étonnant qu’on voue une haine indélébile à sa génitrice et par extension à toute la gent féminine, je te pardonne va…) qui m’a même vouvoyée en me traitant de pute, la classe ! Evidemment, on peut se dire que ces attaques gratuites et d’autant plus courageuses qu’elles sont anonymes ne méritent d’autre réponse que le mépris. De simples spams aussitôt supprimés comme je le fais pour ma boîte pro régulièrement envahie. Oui mais n’empêche qu’ils ont réussi à miner mon enthousiasme de nouvelle blogueuse.
Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de nuisance des petits frustrés du gland haineux et impuissants (pardon pour le pléonasme). Les mêmes (en version francophone) qui ont pourri mon adolescence en me privant de petits plaisir tous simples : me balader seule dans la rue, lire un bouquin sur la plage, m’habiller comme je veux ( c’est à dire autrement qu’en sac à patates). Impossible de faire cent mètres sans qu’un hamar (âne), de 14 à 77 ans, pouilleux ou notable, ne se sente le devoir de commenter mes formes, de me trouver belle ou moche, me proposer un café, le mariage ou 100 dhs pour une passe.
Jamais pu m’y faire. C’était (c’est toujours) pourtant le lot de toutes mes congénères, jolies ou pas, jeunes ou pas fraîches, respectables mères de famille ou respectables putains ayant pignon sur rue. De quoi tourner chèvre…mais j’ai préféré partir. Jamais autant aimé la France qu'en repensant à ces humiliations anachroniques. Dire que je me demande parfois ce que je fous à quémander des papiers de queue en queue (des queues de préfectures cette fois-ci) !
Donc à tous les baiseurs de chèvres, incontinents du gland, boutonneux impuissants, religieux en puissance, fils de mon pays ou assimilés, passez votre chemin, ce blog n’est pas pour vous. Ne vous donnez pas la peine de laisser des insultes aussitôt effacées. Allez plutôt vous branler sur un catalogue de lingerie La Redoute.

samedi, juillet 01, 2006

Provisions de larmes

Maman qui pleure dans la rue, dans le métro. Maman, ça se fait pas de pleurer dans le métro, tout le monde nous regarde. En France, ça fait mauvais genre, grave prolo. Ailleurs aussi d’ailleurs. Pourtant je m’en fous. Pas du tout gênée, étrangement étanche aux regards. Non, je suis presque attendrie par ce gros chagrin qui coule, qui coule. Remake d’il y a deux jours. Intarissable source. Agacée aussi par cette fabrique de mélodrames pour des petits riens. Spécialité de la maison. Maman n’a pas ramené des tagines et des pastillas pleins les valises comme toutes les mères marocaines qui rendent visite à leur progéniture expatriée. Juste des provisions de larmes, qui se décongèlent, qui se décongèlent.